Malgré la
soi-disant pénurie de main-d’œuvre, les emplois offerts aux personnes en situation
de handicap continuent toujours de ne pas être adaptés à leur condition : il
s’en trouve encore des entreprises dans le secteur privé pour tenter de séduire
ces gens qui peuvent sembler peu difficiles, de qui l’on peut ou l’on croit pouvoir user de leur
naïveté dans le but de rentabiliser son pactole sans que cela ne coûte un sou de
plus.
Les
entreprises qui emploient des personnes en situation de handicap ne pensent pas
forcément à la personne embauchée et à
une intégration pleine et entière, mais plutôt à la compétitivité de leur
marché et à la façon d’augmenter toujours un peu plus leur compte en banque.
Par contre, l’intérêt pour une éventuelle subvention salariale en fait
écarquiller des yeux plus d’un : l’impact sur la masse salariale est
moindre, car une partie de toutes les charges sociales requises par l’embauche est
absorbée par le programme gouvernemental pendant un certain temps. Par la
suite, une fois que tout a été fait pour mettre à l’écart, que la mesure est
complétée, voire rendre mal à l’aise l’employé,
on s’arrange pour s’en débarrasser telle une vieille chaussette trouée qui a perdu
tout intérêt que l’on ne veut plus porter. Cela peut se passer bien avant aussi.
La
compréhension exprimée par le personnel cadre ou les patrons dès le départ en
est une de façade : on a un besoin à combler le plus vite possible en tant
qu’employeur, on monte tout un beau scénario, cousu de fil blanc, pour prendre
le sans-emploi en situation de handicap dans nos filets; ensuite, on le réprimander
très tôt, à la première occasion qu'une erreur se présente, sans se demander ce qui a pu causer un
comportement inacceptable, à partir de l’organisation même du travail qui a été
confié.
Bien souvent, cette attitude favorisant la répréhension vient de la part de gens qui ont fréquenté
des écoles de commerce pourtant réputées, mais où la relation envers l’autre
semble avoir été peu ou pas abordée, mise de côté pour ne penser qu’au produit.
L’employeur, ne recherchant toujours que son profit, son image en prend
rarement le blâme. La personne employée, en revanche, cumule alors une somme de rejets et de
non-dits dont elle n’est pas toujours consciente ni responsable, qui font qu’elle s’évince toute
seule du milieu de travail en accumulant une somme importante de désagréments.
La lettre
de subvention salariale ne représente qu’une solution aux employeurs pour s’adjoindre
les services de quelqu’un dont ils ont besoin, qui a des compétences idéales
pour accomplir leur besogne. Tout le côté humain est mis de côté derrière le
rideau, qui finit, lui aussi, par tomber comme tout beau masque laqué d’orgueil.
Cette lettre de subvention est la carte de visite idéale avant tout pour occuper un poste
dont personne ne semble vouloir à prime abord... et non le signe d'un manque cruel de candidats.
En réalité, la distanciation s’opère dès les débuts de l’emploi. Ce qui se passe entre les
murs de l’entreprise est camouflé par ceux qui doivent des comptes aux bailleurs de fonds. Dès lors, l’importance de la personne en situation de handicap
diminue de façon draconienne, même s’elle représente une proportion plus ou
moins grande des « minorités », ce qui aide pourtant à obtenir un peu
plus de capital de sympathie pour certaines industries.
Le
handicap, même invisible, semble être une raison non avouée pour mieux profiter du talent de la personne, puis la contrôler en faisant semblant de ne pas perdre la face, faire fi de ces caractéristiques particulières et des comportements sociaux
pour tenter de l’éviter.
Les biais
de communication se cumulent et exercent une forte pression qui dilue peu à peu
le potentiel de l’employé et la confiance qui lui est portée. Avec le temps, la
roue tourne et finit par se coincer, à plus ou moins brève échéance. Ce n’est
donc pas une offre d’emploi à laquelle répond une offre de services proprement
dite.
Certaines gens ont un don pour l’exploitation de leurs semblables et l’utilisent
à merveille. Ceci est toujours vrai, même après l’abolition de l’esclavage;
cependant, cette exploitation s'effectue sous une autre forme semble vouloir se raffiner.
Il est plus que temps pour les gouvernements de surveiller ce qui se passe, peu importe le secteur d'activité. Les patrons ont trop peur à leur image; voilà pourquoi celle de leur subalterne écope. Les législatures vont devoir s'y attaquer, tôt ou tard.